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Page:La Revue du Mois, tome 2, 1906.djvu/99

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LA REVUE DU MOIS

cuperai successivement des deux catégories de personnel différenciées par leur instruction, à savoir les marins proprement dits et les mécaniciens : cette division aura d’ailleurs l’avantage d’être chronologique et d’indiquer, par cela même, les causes des erreurs commises.

I. — Marins proprement dits

Autrefois, les équipages n’étaient pas spécialisés parce que les armes étrangères à la manœuvre des voiles étaient si rudimentaires que leur emploi ne nécessitait pas des études approfondies : il suffisait alors d’être bon marin, car les victoires se gagnaient plus par la voile que par le canon, et le complément d’instruction militaire était donné sur les bateaux eux-mêmes qui constituaient alors autant d’écoles permanentes. C’était alors possible parce que le prix d’entretien des navires et la simplification de leurs mécanismes ne réclamaient ni une extrême réduction des effectifs ni un savoir très grand des équipages, parce qu’aussi la durée du service et la lenteur des communications permettaient d’échelonner l’instruction sur les longues périodes d’embarquement et de préparer ainsi les équipages aux éventualités militaires possibles.

Mais, vers 1880, ces quatre raisons perdant à la fois de leur valeur, la marine adopta le principe de la division du travail, et elle créa successivement un certain nombre d’écoles où les marins venaient se spécialiser dans les différentes branches de leur métier, artillerie, infanterie, timonerie, torpilles. Il est juste de constater que ces écoles furent admirablement constituées à l’origine parce qu’elles répondaient à un besoin réel. Elles comportaient toutes un enseignement exclusivement marin, car il était admis que tout homme embarqué devait d’abord connaître les principes essentiels de la marine à voiles, puis chacune d’elles se complétait par un apprentissage pratique de l’arme spéciale qui la concernait. Cette organisation, suffisante tant que les emplois à bord restèrent simples, imprima à tous les équipages une mentalité identique issue des connaissances communes qui étaient à la base de tous les brevets, et un amour-propre très louable entretenu par la rivalité des spécialités en présence.