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Page:La Revue du mois, année 6, numéros 61-66, 1911.djvu/143

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culièrement importante au point de vue du principe de l’équivalence, le conduisit à un travail énorme sur la vitesse du son, de laquelle peut se déduire la comparaison cherchée. Il retrouva dans ce but, à peine remis de l’accident qui l’avait arrêté, son ardeur à la recherche et accomplit, dans des conditions extra-ordinairement variées, des séries de mesures dont la description occupe presque tout le troisième volume de ses Mémoires.

Les travaux sur la détente des gaz étaient poursuivis dans le laboratoire qu’il avait installé, d’abord dans l’ancienne manufacture de Sèvres, aujourd’hui l’École normale d’enseignement secondaire pour les jeunes filles, puis dans la nouvelle manufacture, alors en construction. C’est là que vint le trouver la guerre qui devait lui tuer son fils à l’âge de vingt-sept ans, dans toute la floraison de son précoce génie, et détruire, d’un autre coup, le fruit du labeur de plusieurs années.

Dans une excellente étude du professeur Henning, que le journal de physique allemand, la Physikalische Zeitschrift, a eu la délicate pensée de consacrer à Regnault, en juillet dernier, à la date exacte de l’anniversaire que nous célébrons aujourd’hui, l’auteur donne sur ce point les détails suivants :

Regnault avait déjà depuis quelques années installé son laboratoire dans la nouvelle manufacture de porcelaine du Parc de Saint-Cloud, non terminée, pour en mieux pouvoir surveiller la construction. Quand les armées allemandes s’avancèrent sur Paris, il commença à transporter dans la ville assiégée les pièces les plus précieuses que conservait l’ancienne manufacture. Lorsqu’il voulut en faire autant pour ses propres appareils et pour ses manuscrits, les bâtiments de la nouvelle manufacture étaient occupés déjà par les troupes prussiennes. Regnault s’adressa à celui qui était alors le kronprinz Frédéric-Guillaume pour lui demander son aide et obtint de pouvoir transporter en sûreté à Versailles les porcelaines précieuses qui restaient encore à Sèvres. Mais Regnault ne fut pas aussi heureux en ce qui concerne la nouvelle manufacture. Il ne réussit à rien en sauver. Il trouva barricadé l’accès de son laboratoire et put seulement s’assurer qu’un ordre avait été donné interdisant formellement que rien y fût touché.

Après la fin du siège, cependant, il trouva presque tout détruit dans son laboratoire, et de manière toute particulière. Au premier abord, rien ne semblait changé, mais, en y regardant de plus près, on trouva brisés tous les thermomètres et les baromètres, les délicates balances faussées, et même les grands appareils rendus inutili-