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Page:La Revue du mois, année 6, numéros 61-66, 1911.djvu/142

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Tout ceci fut achevé entre 1840 et 1856.

Dans l’intervalle, un mouvement scientifique considérable s’était produit à l’étranger : après avoir été énoncé par Carnot trente ans auparavant à la fin des quelques pages que sa mort à vingt ans lui laissa le temps d’écrire, le principe de l’équivalence du travail et de la chaleur venait d’être formellement reconnu et développé. Il vint troubler profondément Regnault qui depuis le début de ses recherches avait admis l’indestructibilité des quantités de chaleur qu’il mesurait si bien. Le sol, jusque-là si ferme, sur lequel il avait édifié son ouvrage lui sembla devenir mouvant. Ce passage d’un discours lu par lui à l’Académie des sciences, en 1853, trahit son inquiétude :

À l’époque où j’entrepris ces recherches, la question me paraissait plus simple qu’aujourd’hui. En partant des notions alors admises dans la science, il était facile de définir nettement les divers éléments qui la composent, et j’imaginai des procédés à l’aide desquels j’espérais parvenir, successivement, à en trouver les lois et à en fixer les données numériques. Mais, ainsi qu’il arrive ordinairement dans les sciences d’observation, à mesure que j’avançais dans ces études, le cercle s’en agrandissait continuellement ; les questions qui me paraissaient d’abord les plus simples se sont considérablement compliquées ; et, peut-être, n’aurais-je pas eu le courage d’aborder ce sujet si, dès l’origine, j’en avais compris toutes les difficultés.

Nous devons nous féliciter d’ailleurs qu’il n’en ait pas été ainsi, car les résultats obtenus par Regnault, traduisant fidèlement l’observation pure, sont restés intangibles, et sont venus fournir aux principes nouveaux quelques-unes de leurs plus belles confirmations.

Il trouva d’ailleurs lui-même dans ces principes l’explication de certains faits relatifs à la détente des gaz et aux phénomènes thermiques qui l’accompagnent, faits qu’il n’avait pas pu interpréter plus tôt. Ce lui fut l’occasion de reprendre sur ce sujet des expériences qui devaient durer jusqu’à la fin de sa carrière et dont de nombreux résultats ont été perdus dans le désastre qui vint marquer cette fin.

La comparaison des deux chaleurs spécifiques des gaz, parti-