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Page:La Revue française de Prague, année 15, numéros 71-74, 1936.djvu/18

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DÉCOUVERTES



Pendant des années, au cours de nombreux voyages, je n’ai connu qu’une fringale : visiter les musées, les monuments, les églises. Peut-être pas par amour du passé, mais simplement à cause de la profession que j’exerçais : peintre, profession qui me faisait m’attacher à toutes les manifestations artistiques d’autrefois. En abandonnant, il y a huit ans, la peinture pour la littérature, je ne suis pas devenu indifférent aux arts plastiques. C’est ailleurs, toutefois, que je vais chercher ma nourriture. Et si j’ai eu, à Prague, du plaisir à visiter quelques musées, à connaître ces primitifs tchèques au style si particulier et aigu, je n’en garde pas moins des souvenirs plus vifs.

Ces souvenirs, quels sont-ils ? Que valent-ils ? et en quoi expriment-ils l’esprit et la culture tchécoslovaque ? Je répondrai d’abord que je ne me suis pas soucié que de questions artistiques et littéraires.

À chacun sa façon de voyager, à chacun ses amours et ses joies. Pour moi, en voyage, il ne s’agit pas d’emmagasiner une foule d’images, de voir ce qu’il est bien de voir, connaître ce qu’il est bon de connaître, paraît-il, et rencontrer des personnages considérables. On en a la tête farcie des reportages, des interviews, des enquêtes qui prétendent être impartiales et documentées. Après tout, comme bien d’autres, je serais capable d’une telle besogne. Si je ne m’y refusais. Car je ne crois pas à son utilité. Qu’un journaliste, en quelques jours – voire en quelques semaines – puisse comprendre et pénétrer l’esprit d’un pays, voilà de quoi je doute. Je parle par expérience. Il m’a fallu vivre des mois et des mois en Espagne, depuis cinq années, pour pouvoir me risquer enfin à écrire sur ce sujet – à en écrire en romancier.

Que de précautions pour en arriver à déclarer tout bonnement que je ne saurais parler de la Tchécoslovaquie qu’en