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Page:La Revue hebdomadaire, Septembre 1921.djvu/34

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seresses que je promenais autrefois dans les bois, belles toutes deux comme les filles de Léda, m’éblouit encore et m’enivre.

Pourtant je n’aimais qu’elle, alors !

Il faisait très froid à Vienne le jour de la Saint-Sylvestre et je me plaisais beaucoup dans le boudoir de la Pandora. Une lettre qu’elle faisait semblant d’écrire n’avançait guère, et les délicieuses pattes de mouche de son écriture s’entremêlaient follement avec je ne sais quels arpèges mystérieux qu’elle tirait par instant des cordes de sa harpe, dont la crosse disparaissait sous les enlacements d’une sirène dorée. Tout à coup, elle se jeta à mon col et m’embrassa, en disant avec un fou rire : « Tiens, c’est un petit prêtre ! il est bien plus amusant que mon baron. »

J’allai me rajuster à la glace, car mes cheveux châtains se trouvaient tout défrisés, et je rougis d’humiliation en sentant que je n’étais aimé qu’à cause d’un certain petit air ecclésiastique que me donnaient mon air timide et mon habit noir.

— Pandora, lui dis-je, ne plaisantons pas avec l’amour, ni avec la religion, car c’est la même chose en vérité.

— … Laissez-moi mon illusion.

— Pandora, dis-je avec amertume, je ne remettrai plus cet habit noir, et, quand je reviendrai chez vous, je porterai mon habit bleu à boutons dorés qui me donne l’air cavalier.

— Je ne vous recevrai qu’en habit noir, dit-elle. Et elle appela sa suivante :

— Roschen !… si monsieur que voilà se présente en habit bleu, vous le mettrez dehors et vous le consignerez à la porte de l’hôtel. J’en ai bien assez, ajouta-t-elle avec colère, des attachés d’ambassade en bleu avec leurs