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Page:La Revue socialiste - 1897 semestre 2.djvu/283

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de ces jeunes gens postulent — surtout quand ils ne sont pas riches — pour le fonctionnarisme, et leur but est de pouvoir vivre et s’établir de façon confortable, grâce à un diplôme. Ils dépendront alors de l’État, c’est-à-dire de l’organisme gouvernemental qui dirige et protège les intérêts aristocratiques. Devenus les agents et les subordonnés de cet État, qui tient dans ses mains leur avenir, ces appointés oseront-ils le combattre ? contrecarrer ses ordres, s’ériger en réformateurs ? — Impossible ! Ils ont atteint le but auquel leur jeunesse a été consacrée ; ils ne le lâcheront à aucun prix !… Si leur conscience proteste, il faudra qu’elle se taise ! Bien plus ! Beaucoup d’entre eux témoigneront du zèle afin d’obtenir une promotion ; autrement dit, un traitement plus élevé.

Ceci constitue un second motif d’immobilité dans l’organisme social. Passons au troisième :

C’est le faîte de l’édifice, le grand moteur, soit du mouvement sur place, ou du recul au droit antique, l’éternel droit du plus fort. Là, résident ceux qui disposent des richesses et des trésors de la Terre, amassés, cultivés ou fabriqués par l’esclave humain. Si quelque soubresaut indécent de la frénésie populaire fait dérailler la machine sacrée ; cette machine élévatoire qui, par des ressorts cachés, porte aux lèvres des puissants le suc des ruches travailleuses ; quel intérêt plus grand pourrait exciter l’avidité sans bornes et la suprême vanité de la race parasitaire, élevée par elle-même au rang de divinités terrestres, avec l’agrément et sous la responsabilité des Dieux du ciel, à cet effet maintenus par elle. Cette race n’a qu’un seul but : conserver l’ordre dont elle profite. Elle est Uue de passion, de volonté, de moyens ; et par tous les moyens ! Elle forme un scul corps et agit d’ensemble, d’autant plus facilement qu’elle tient en ses mains tous les ressorts sociaux ; qu’elle fait et défait les lois ; commande l’armée militaire, celle des juges, les bataillons des fonctionnaires de tout ordre et ceux de la police. C’est elle qui joue aux dés les ressources de la Nation, jette ses faux poids dans les balances du commerce, vend les fonctions et les croix, rédige les jugements, achète les votes, spécule et tripote. Tout lui appartient. C’est elle qui pompe la moitié du gain de chaque travailleur, et de temps en temps le fusille, quand le lui conseillent et l’intérêt de sa classe et son orgueil souverain.

— Tels sont nos éléments de progrès ! — Et vraiment il faut la manie de répétition qu’emprunte à certains animaux l’espèce humaine, pour faire du progrès général la monnaie courante de ses discours !

Le progrès, il existe assurément dans la science — depuis la défaite de l’Inquisition — mais d’une façon toute matérielle. Et cela est si vrai que les inventions les plus aptes à soulager le travailleur ne pro-