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Page:La Revue socialiste - 1897 semestre 2.djvu/284

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duisent d’autre effet que de l’écraser complètement, en raison du régime hiérarchique et capitaliste régnant :

— Des travailleurs de fer !… Quelle aubaine ! pour le pauvre épuisé dont chaque jour les forces mal réparées s’écoulent dans le travail !… Vous croyez ça ?… Naïf que vous êtes !… Pas du tout ! Est-ce donc l’ouvrier qui achète la machine ? C’est le maître ! La machine vaut dix ouvriers ; on en renverra neuf et le dixième suffira pour la conduire.

— Mais ces neuf ouvriers, qui n’avaient pour vivre que leur travail, vont mourir de faim ?…

— Ça ne nous regarde pas.

Voilà l’association humaine !

En résumé : la société actuelle est matériellement et moralement la destruction de l’humanité.

Qu’on ne se récrie pas ! Cette société est fondée-de son propre aveu-sur l’opposition des intérêts. C’est donc la lutte permanente entre les prétendus associés. La guerre à l’intérieur faisant pendant à la guerre extérieure ; les rixes, les vols, les assassinats, les faillites, les procès, les suicides, qui remplissent chaque jour la troisième page des journaux, confirment éloquemment cette assertion ; et le résultat fatal de l’une comme de l’autre guerre est l’écrasement du faible avec cette différence que la guerre extérieure tue par les armes à feu, de plus en plus perfectionnées par la science ; tandis que la guerre intérieure tue par l’excès de travail et par la faim. Avec cette ressemblance : que depuis les progrès du machinisme industriel, c’est également la science, absorbée comme toutes choses par les capitalistes, qui achève la victoire du plus fort.

Suivons les conséquences de ce dernier fait :

Les progrès de la science continuant d’augmenter, au prorata de l’avidité capitaliste, c’est-à-dire de façon de plus en plus merveilleuse, et toujours au seul profit des capitalistes — puisque cela résulte inévitablement de l’organisation sociale — les pauvres auront peu à peu quitté ce monde, où il n’y avait plus pour eux ni terrain, ni or, ni travail. — Qu’y restera-t-il ?

Ce trois pour cent de l’humanité qui constitue la classe millionnaire assez fourbue, à vrai dire névrosée quant aux jeunes ; impotente quant aux vieux ; usée et dégénérée de plus en plus par les excès ; puisque le progrès (celui qui va tout seul) avance toujours ? — 2° un groupe de savants ; — 3° un groupe de médecins, plus nombreux ; — 4° plusieurs bataillons de valets. — Enfin, des conducteurs de machines…

Mais quoi ? les machines n’ont plus à faire ! il n’y a plus d’acheteurs !…