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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/100

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ANGÉLIQUE

Ah ! ma bonne, je ne veux rien avoir de caché pour vous, et je veux moi-même vous faire confidence de tout ce qui s’est passé. Je regardais d’un œil avide le monde qui se promenait, et je démêlai bientôt ce jeune officier qui levait les yeux sur moi d’un air tendre et touchant. J’imaginai d’abord que c’était ce jeune militaire dont vous m’avez parlé, et qui a été, lui le premier, mon cher bienfaiteur. Le souvenir de sa générosité, le sentiment de la reconnaissance, son air enchanteur, tout remua mes sens, et m’inspira pour lui le plus vif attachement. J’avoue que je cherchai, par quelques regards de complaisance, à porter l’espoir dans son cœur… Ai-je mal fait, ma bonne ?… Mais je n’étais, dans ce moment, la maîtresse ni de mon cœur, ni de mes yeux. Un quart d’heure après un domestique entre, me remet ce billet : lisez-le, s’il vous plaît.

MARTHE

Non, non, mademoiselle, il me faudrait des lunettes, et je ne les ai pas sur moi. Dites-m’en seulement le contenu, si vous voulez bien avoir tant de complaisance pour moi.

ANGÉLIQUE

Écoutez donc.

« Au moment où un soleil se couche, un autre soleil infiniment plus brillant se lève sur