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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/103

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ANGÉLIQUE

Vous avez beau dire, je ne veux m’attacher qu’à mon bienfaiteur, à lui seul…

MARTHE

Bon ! on verra cela. Mais, dites-moi, avez-vous signé ?

ANGÉLIQUE

Non.

MARTHE

Très prudent ! Savez-vous, mademoiselle, que vous surpassez de beaucoup mon attente ?

ANGÉLIQUE

J’ai une question à vous faire, à laquelle je vous prie de répondre, le cœur sur les lèvres. Ce domestique malicieux, en me présentant le billet et l’hommage de son maître, me fixait avec des yeux fripons ; il faisait un sourire malin ; il voulut me baiser la main, me dit beaucoup de bien de son maître, en m’encourageant à seconder ses vœux, en m’assurant que je goûterais avec lui tout le bonheur imaginable. Mais voici une pensée dont je me suis occupée et qui me frappe encore dans ce moment : Est-ce qu’un domestique peut, sans scrupule, pour contenter son maître, mener des intrigues galantes ?

MARTHE

Mais, mademoiselle, je ne vous reconnais pas. Tantôt vous remplissez mon âme de la joie la