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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/104

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plus vive, lorsque vous vous montrez décidément disposée à suivre mes principes ; tantôt vous me plongez dans une profonde tristesse, en adoptant toujours des préjugés si peu raisonnables.

S’il est permis d’arriver à un but, les moyens pour y parvenir seront-ils défendus ? Écoutez les révérends pères Gaspar, Hurtado, Diana, Sanchez, et tant d’autres moralistes célèbres, et ils vous diront qu’un domestique peut, par ordre de son maître, aller chercher une fille de joie, l’accompagner à la maison, ouvrir la porte, lui le premier, préparer le lit et tout ce qu’il faut pour la vie unitive. Ils vous diront qu’un fils en peut faire autant pour contenter son père, qu’un ami peut prêter, ou louer une chambre à son ami, pour y donner des leçons de grammaire, et y accorder le genre masculin avec le féminin[1].

ANGÉLIQUE

Ma bonne, je vois qu’en me donnant vos leçons, vous avez la coutume de prononcer des phrases à double sens ; cela m’amuse, mais cela

  1. Famulus potest jussu heri concubinam ad domum heri comitari, et januam aperire et eis lectum sternere… Et eadem omnia potest filius ad mandatum patris, præsertim si ex omissione indignationem patris timeat… Et eadem omnia quæ sunt famulus et filius, etiam potest quilibet alius, titulo alicujus considerabilis utilitatis, et multo melius titulo vitandi aliquod grave incommodum… Deducitur licere alicui dare mutuo nummos alteri, aut cubiculum accommodare petenti ad fornicandum.

    Gaspar Hurtado, apud Dianam, part. 5. p. 435.

    Sanchez, op. mor. lib. P. c. 7. n. 31.