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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/118

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orgueil, n’ont jamais voulu se rendre justice, et ils ont eu la présomption de se croire autant de dieux sur la terre. Mais leurs grandes sottises, leurs erreurs, leurs crimes, en s’éloignant de leur nature, doivent bien leur faire comprendre que plus on prétend s’élever, et plus on est prêt de faire des chutes fort humiliantes.

L’homme a reçu en partage une portion plus abondante de cette lumière céleste, j’en demeure d’accord ; mais les bêtes mêmes n’en sont point dépourvues, et il serait à souhaiter, pour le bonheur de l’humanité, que les hommes fissent toujours un aussi bon usage de leur raison, que le font les bêtes de ce qu’on appelle leur instinct.

On dit que la nature n’a donné aux animaux qu’un certain sentiment qui leur fait connaître et chercher ce qui leur est bon et éviter ce qui leur est mauvais. Mais ce sentiment, commun à l’homme et aux bêtes, serait un bien petit présent de la nature, s’il n’était pas accompagné de la faculté de raisonner !

À proprement parler, on doit prendre l’instinct pour un premier mouvement sans réflexion. Lorsque l’homme et les autres animaux agissent sans réflexion, voilà l’instinct ; quand ils réfléchissent avant d’agir, voilà le raisonnement.

ANGÉLIQUE

Et vous pouvez soutenir que les animaux ont des idées, qu’ils font des réflexions, qu’ils raisonnent ?