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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/122

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MARTHE

Vous me récitez là une grande capucinade. Vous ne savez pas encore que conscience et éducation sont synonymes ? Ce que l’on appelle conscience, n’est que l’effet des maximes qu’on nous a fait sucer, pour ainsi dire, avec le lait.

Il n’y a qu’un Dieu, il n’y a qu’une nature, il ne doit donc y avoir qu’une seule lumière universelle, pour éclairer également toutes les créatures. Les nations jugent si différemment les unes des autres sur les mêmes objets ! Ce qui est péché dans un pays, est une action digne de louange dans un autre ; ce qui est défendu parmi ceux-ci, est permis, ordonné même parmi ceux-là. Ce n’est donc pas la conscience, ce n’est donc pas la voix de nos pédants qui doit nous guider ; c’est l’examen impartial, fait par nous-mêmes, des principes incontestables et universels établis par la nature ; c’est ce flambeau divin qui éclaire également tous les cœurs, qui doit nous aider à mettre au jour les impostures de nos docteurs, qui dans le dessein infernal de dominer sur nos esprits et de les tyranniser, cherchent à nous rendre les esclaves les plus vils qui puissent ramper sur la terre.

ANGÉLIQUE

Voilà bien du sérieux ! Je vous prie, ma bonne, de prendre un ton plus doux, badin même, si vous voulez que je vous écoute à mon aise.