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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/126

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çais mon métier dans le couvent ***, comme on vous l’a rapporté ; j’avais peint à fresque çà et là, sur les murailles du chœur, de petits anges, tels qu’on les représente à notre imagination, c’est-à-dire de petits poupons tout nus et ailés ; je n’y avais peint que des anges mâles, car mon catéchisme ne m’a jamais enseigné qu’il y eût des anges femelles. Or, trois sœurs… que dis-je, trois Grâces sous l’habit de religieuses, venaient tous les jours voir et regarder mes peintures. À leur approche, je l’avoue, un pinceau me tombait des mains, un autre aurait voulu se mettre à l’ouvrage. Elles aimaient à me faire des questions, entre autres elles en hasardèrent une à laquelle je ne m’attendais pas.

« — Comment appelez-vous, me dirent-elles, cette jolie machine qu’on voit entre les cuisses de vos charmants poupons ?

« — Ce sont des anges, mes révérendes mères, et non pas des poupons…

« — Bon ! nous ne savons pas encore ce que c’est qu’être mères ; mais nous savons bien que les anges ne sont que de purs esprits.

« — Vous êtes plus savantes que moi ; mais comme mon pinceau n’a point la faculté de peindre des esprits, je leur donne un corps tel que le nôtre…

« — Tel que le nôtre, fi donc ! nous n’avons point de ces machines-là. Mais, encore une fois, comment la nommez-vous ?