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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/130

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celle qu’il me plaira le plus de lui accorder. Courage, mes filles, vous me connaissez, il faut être sincères avec moi. Celle qui fera la réponse la plus exacte et la plus satisfaisante à la question que je vais hasarder, sera l’épouse. Vous avez chacune deux bouches, vous le savez bien ; dites-moi donc nettement laquelle des deux est la plus vieille, celle d’en haut, ou celle d’en bas ? »

Les quatre filles rougirent un peu, se regardèrent en souriant les unes les autres ; mais pressées par leur bon père de répondre, l’aînée prit la parole et dit :

« — Je pense que c’est celle d’en haut, parce que ma bonne maman, en m’expliquant le mystère de ma naissance, me dit que j’étais née la tête la première. »

La deuxième fille ajouta :

« — Et moi je pense le contraire, parce que celle d’en bas a déjà la barbe, et que celle d’en haut n’a pas encore un seul poil. »

La troisième parla à son tour et dit :

« — Je soutiens que c’est la bouche d’en haut qui est la plus vieille, parce qu’elle a pris toutes ses dents, et l’autre n’en a pas encore une. »

La plus jeune dit enfin son sentiment :

« — Ah ! mon père, je crois que la bouche d’en haut est la plus vieille, parce qu’elle a déjà pris son lait et que l’autre en demande. »