Aller au contenu

Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/16

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
viii


la vérité de cette proposition, si l’on sait qu’il ne faut pas arrêter la vraie vertu dans son chemin.

Les Moralistes et les Théologiens soutiennent, d’accord, que c’est reculer que de ne pas avancer dans sa route ; tant il est vrai qu’il n’est point permis à l’homme d’arrêter ses pas dans sa course.

Lisons la Sainte Écriture, et nous verrons, en mille endroits, qu’on y blâme hautement la tiédeur de ceux qui ne sont ni bons ni méchants, et que Dieu lui-même préfère, à une dévotion tiède, une malice consommée. Écoutons particulièrement ce qu’on nous dit dans l’Apocalypse : « J’aimerais mieux que tu fusses tout à fait chaud, ou tout à fait froid ; mais parce que tu es tombé dans la tiédeur, je vais te vomir. »

Il paraît donc que c’est un homme de grand sens celui qui fait le mal, mais qui travaille à consommer sa mauvaise action d’une manière extraordinaire et parfaite. C’est la volonté humaine qu’il faut accuser, si son penchant naturel pour le mal l’entraîne et la trompe, lui faisant choisir ce que, suivant la raison, ou les préjugés établis, elle devrait rejeter.

Nous donnons bien des louanges à ces peintres qui réussissent parfaitement à tracer sur la toile des objets supérieurement lascifs ou difformes : la lubricité ou la laideur ne sont pas la faute du portrait, mais de l’original. C’est ainsi qu’une action parfaitement exécutée ne perd point de son prix,