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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/17

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ix


quoiqu’elle soit mauvaise en elle-même, et par conséquent blâmable. Quelle faute y a-t-il à suivre l’agréable et l’utile ? On peut donc trouver louable toute action qui nous apporte de l’utilité ou du plaisir.

Cela supposé, je cherche, mon cher lecteur, à faire cesser ton étonnement de me voir, par une extravagance inouïe, établir les dogmes d’une profession jugée infâme. C’est une œuvre de charité que d’enseigner les ignorants ; et comme l’ignorance, généralement parlant, est le partage du sexe, on doit trouver bon que je prenne soin d’instruire les femmes sur tout ce qu’elles doivent savoir pour bien exercer la profession qui leur est si commune. Heureux, si je puis obtenir qu’en suivant mes préceptes, elles ne méprisent point le métier de Putain.

Ce terme de Putain blesse peut-être tes oreilles délicates ; c’est cependant le mot propre, nécessaire même, dont on doit se servir dans un ouvrage instructif, afin que tout le monde puisse comprendre d’abord de quoi il s’agit : car les termes de Prostituée, de Concubine pourraient le rendre obscur. On parle ici à toutes sortes de femmes, à celles mêmes qui sont du plus petit entendement. On doit donc préférer à tout autre le mot de Putain, puisqu’il n’y a personne qui en ignore la force et la vraie signification.

Je désire surtout que les femmes ne dédaignent point professer un art qui a été heureusement inventé