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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/167

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« bien, ma fille, des attouchements des hommes, ils sont empoisonneurs. »

« — Mais sans cela tu ne serais pas venue au monde.

« — Tout ce que vous me dites est faux ; car ma bonne maman disait que quand elle voulait faire un enfant, elle formait, avec de la pâte, un petit poupon, qu’elle le mangeait, que ce poupon grossissait peu à peu dans son ventre, et que neuf mois après elle le mettait au jour. »

On m’appelle : le mari me prie de faire entendre raison à sa femme. Celle-ci me prie d’accabler son mari de reproches. Je fais semblant de persuader ma belle élève de se rendre aux désirs de son époux, et il faut que je dévore mille injures. Je lui dis, à la fin, qu’il lui convient de remettre l’affaire entre les mains de monsieur le curé, qui l’instruira profondément de ses devoirs. À cette proposition elle s’apaise, mais elle ne veut pas se recoucher auprès de son mari ; elle veut venir dans mon lit. Nous pensons étouffer de rire de l’imbécillité de notre niais.

Le matin venu, je l’emmène chez le curé, avec qui elle joue on ne peut mieux le rôle de prude et d’innocente. Cependant le bon pasteur trouve de la docilité dans sa brebis, et tant de docilité que…

ANGÉLIQUE

Ah ! ah ! je vous comprends ; qu’elle retourna chez elle tout à fait convertie.