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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/166

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à l’initier aux mystères de Cythère ; je la plaçai chez une dame où elle était comme une des Grâces auprès de cette nouvelle Vénus.

Elle répondit parfaitement à mon attente ; mais ayant oublié, un instant, mes préceptes, elle se trouve enceinte. Que faire ? Celui qui avait fait la blessure, ne pouvait pas y apporter de remède, puisque le vœu qu’il avait prononcé l’obligeait à ne pouvoir former des nœuds légitimes. Je fis tous mes efforts pour lui trouver un bon benêt, car on en trouve toujours quelqu’un, même dans un siècle aussi éclairé que le nôtre : j’y réussis.

Voilà mon homme prêt à se marier. Je lui dis que la fille n’a pas beaucoup de bien, mais qu’elle porte toujours une belle et bonne dot avec elle : il est content, il l’épouse. On me prie d’être de ses noces ; j’y assiste.

Après le souper ils se mettent au lit, et moi, je me couche dans une chambre à côté. Le mari veut jouir de ses droits ; elle saute en bas du lit, et s’écrie :

« — Cochon que vous êtes, que prétendez-vous ? Est-ce que vous m’avez épousée pour me faire de ces infamies ? Il n’y a que les bêtes qui font cela ; me prenez-vous pour une chienne ?

« — Mais, ma bonne amie, cela est permis, ordonné même entre mari et femme.

« — Vous en avez menti, car ma bonne maman me disait bien souvent : « Garde-toi