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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/177

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ANGÉLIQUE

Vous vous moquez de moi, ce me semble. J’en avais bien une jolie ; mais dans un pressant besoin, il m’a fallu la donner à mon père : j’en ai fait le sacrifice, mais je la regrette bien.

MARTHE

Vous avez raison. C’est un grand plaisir que d’avoir une montre, et de savoir à tout moment, et de pouvoir dire quelle heure il est… Voyez un peu, mademoiselle… Que dites-vous de cette montre à répétition ?

ANGÉLIQUE

Qu’elle est belle ! Elle est en or, et garnie de brillants ! Permettez-moi de la faire sonner… Que cela est charmant ! Vous êtes bien heureuse de posséder un aussi joli bijou ! Je gage que vous n’avez que les apparences de la pauvreté.

MARTHE

Cela peut être, mademoiselle ; mais ne me croyez pas la maîtresse de cette belle montre ; je n’en suis que la dépositaire. Je la tiens d’un jeune marchand qui m’a ordonné de l’offrir à une jolie demoiselle, une de mes élèves, dont il espère obtenir quelques faveurs.

ANGÉLIQUE

Ah !

MARTHE

Vous soupirez ? Seriez-vous bien aise que cette montre vous appartînt ?