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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/180

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temps, les saisons, ses productions. D’après ses lois, tout est sujet au changement ; un penchant irrésistible nous entraîne donc à changer, de temps en temps, d’avis, d’affections, de sentiments.

Malheur à la femme qui compte sur l’homme ; faites attention, mademoiselle, que je ne dis pas sur les hommes. Vous devez considérer l’homme comme une girouette, que le moindre vent fait mouvoir à son gré. Vous devez savoir que les plus belles choses deviennent insipides à ceux qui les ont continuellement sous les yeux. L’homme, en toutes choses, aime à faire une fin : il poursuit, il aime, et quelques années… que dis-je ? quelques mois, quelques jours après, la satiété survient.

Un jeune homme languit de vous posséder ; il y attache d’abord tant de prix ; cela lui paraît ensuite si peu de chose ; il commence à se fatiguer de vos caresses, la variété peut seule assaisonner ses plaisirs ; plus il fait de conquêtes, plus il remporte de victoires, et plus son amour-propre en est satisfait. L’homme ne veut point avoir de chaînes au pied : la femme serait bien folle de s’enchaîner elle-même !

Aimez un seul homme ; vous avez un cœur tendre, un cœur sensible ; vous liez bientôt avec lui une amitié si étroite, que vous la croyez inséparable ; vous vous faites tous les jours de nouvelles protestations d’amour ; vous jurez de ne