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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/196

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MARGUERITE

N’en parlons pas, vous dis-je, madame. À la fin de l’année vous me donnerez ce que vous voudrez, et je suis persuadée que vous surpasserez même mon attente… Mais est-ce que je serai toute seule à vous servir ? Je sais parfaitement coiffer, aider de toutes façons à la toilette… Voyez mes mains, elles ne me semblent pas faites pour manier les marmites… Mon petit cousin peut faire cela : faites-moi la grâce qu’il vienne, lui aussi vous servir, habillé en fille ; un seul lit nous suffira, à lui et à moi. Vous êtes raisonnable, madame. Pendant que l’on vous apprêtera tous les plats que vous voudrez, je n’aime pas rester à jeun, moi… Vous le verrez, ce petit cousin ; la nature l’a pétri avec soin, et l’amour l’a embelli avec empressement ; il vous plaira, je n’en serai point jalouse ; il ne me gêne point, je le laisse libre aussi, Voilà comment l’on vit heureux… Dans un temps de disette, tout pain est bon.

ANGÉLIQUE

Mais pourquoi en habit de fille ?

MARGUERITE

Madame Marthe vous expliquera le mystère… Je vais donc prendre mon cousin, qui passera pour être ma sœur… À l’honneur de vous revoir, madame.

ANGÉLIQUE

Que cette fille est charmante !