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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/206

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s’échappe, si nous demeurons dans une honteuse pauvreté, tant pis pour nous. C’est notre faute.

Vous le verrez ce soir, votre jeune marchand, la nuit est assez longue ; vous aurez le temps de savourer à plusieurs reprises le plaisir et la volupté. Vous lui direz, enfin, que votre père vient de recevoir une lettre de son frère aîné qui demeure à trente lieues d’ici, et qui, attaqué d’une cruelle maladie, se trouve dans l’état le plus alarmant ; qu’il souhaite très ardemment de passer les derniers moments de sa carrière entre ses bras et les vôtres, et que, par conséquent, vous ne pouvez pas vous dispenser d’être du voyage.

Ajoutez à tout cela que votre oncle a toujours nagé dans l’opulence ; qu’il jouit d’une fortune immense, et qu’en recueillant sa succession, vous allez posséder un bien fort considérable.

Ce joli conte sera pour lui une histoire véritable. Engagez-vous par un serment réciproque de vous être fidèles l’un à l’autre : ce serment téméraire et insensé, et qui par conséquent n’oblige à rien, deviendra néanmoins le garant de votre tendresse. Dites-lui que trois mois d’absence seront pour vous trois siècles ; qu’éloignée de lui, vous l’aurez toujours présent à votre esprit ; que vous vous répéterez mille fois les assurances qu’il vous a données de son amitié ; que vous y réfléchirez toujours avec un plaisir extrême et que tout cela vous soulagera du cha-