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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/205

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vous vos deux servantes. Un jeune garçon habillé artistement en fille, ne pourra faire entrer dans son cœur aucun soupçon : vous voyez à présent que ce petit cousin vous est très utile, même nécessaire.

Toutes les fois que vous le pourrez, vous lui donnerez le change, et Marguerite, qui est plus forte et plus expérimentée que vous, le fera tellement nager dans une mer de délices, qu’il y sera bientôt noyé. L’usage immodéré des plaisirs fait déjà vieillir avant l’âge ; à plus forte raison, un vieillard qui veut encore creuser, creuse en même temps son tombeau.

Jetez d’avance les yeux sur le dénouement de cette aventure. Après quelques mois de retraite, la liberté la plus brillante vous attend. La fortune vous regarde d’un œil favorable, elle vous promet un avenir des plus agréables : voudriez-vous refuser ses faveurs ?

ANGÉLIQUE

Mais, mon jeune marchand ?

MARTHE

Votre jeune marchand ? On voit bien que c’est balai tout neuf pour vous. Ne savez-vous pas qu’il est impossible de passer sa vie sans faire des sacrifices et sans exiger ? Pour arriver au sommet du bonheur, il faut souvent monter par des chemins escarpés et épineux. Si le courage nous manque, si la fortune qui nous sourit