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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/210

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persuade que tu n’es pas née pour servir ; que ton cousin n’est pas tel qu’il cherche à paraître ; que votre caractère, vos manières, votre langage même cachent quelque mystère ?

MARGUERITE

Cela pourrait être, mademoiselle, on sait que la nature est parfois fort capricieuse dans ses ouvrages. Il est des gens qui pourraient bien se passer de se rendre sujets des autres, mais qui se plaisent à préférer une douce servitude à une liberté brillante, mais ruineuse. D’autant plus que lorsqu’on est avec une maîtresse aussi digne, aussi aimable que vous… Vous direz que je vous flatte, et je ne veux pas vous déplaire.

ANGÉLIQUE

Mais dis-moi sincèrement, petite rusée, es-tu bien persuadée qu’il n’y a point de crime à faire de ces choses avec les hommes ?

MARGUERITE

Quelles choses ? Avez-vous peur de dire à foutre ? S’il y a crime ? Vous me faites rire ; est-ce là le fruit de vos leçons ?

ANGÉLIQUE

Il me semble que ton aveu simple et sans art aura plus de force sur mon esprit et sur mon âme que toutes les leçons de madame Marthe.

MARGUERITE

Me croyez-vous capable de faire une chose,