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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/221

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ANGÉLIQUE

Oh ! non, en vérité. Le petit cousin sut me faire des agaceries si piquantes, si gracieuses, si délicates, que je ne pus lui refuser de partager mon lit avec lui… Dieu ! quelle nuit délicieuse !

Tout ce que vous m’avez dit des domestiques me revenait à l’esprit, et j’avoue que, par moments, je sentais quelque répugnance à me livrer à ses embrassements ; mais il était si propre, si mignon, si jeune, si attrayant !

MARTHE

Ah ! mademoiselle, ma leçon sur les domestiques ne regarde que ceux d’autrui. Vous ne devez regarder ni Marguerite, ni son cousin comme des domestiques, ils n’en ont que l’apparence ; il y a là un mystère que vous découvrirez avec le temps. Mais dites-moi sans détour, n’est-il pas vrai que l’on trouve bien de l’agrément à changer d’objets et de plaisirs ?

ANGÉLIQUE

Je ne puis pas le nier, et ce qui me surprend le plus, c’est que je me sens un cœur capable de les aimer également l’un et l’autre.

MARTHE

Il vous arrivera, sans doute, que plusieurs objets vous seront également chers ; vous sentirez au fond de votre cœur une ardeur égale pour chacun d’eux ; cependant vous devez par prudence, persuader chacun d’eux en particulier,