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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/222

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que vous n’aimez que lui seul. Car, pour ce qui regarde le petit cousin, c’est un original unique au monde ; plus il verra qu’on vous aime, et plus il vous croira aimable… Plus il verra d’adorateurs à vos pieds, et plus il se dira à lui-même : « Ma chère Angélique est vraiment adorable. »

Mais pour les autres hommes, ils sont en général trop jaloux, ils ont trop d’amour-propre ; ils ne souffrent point d’avoir des rivaux, avec qui disputer la possession d’un objet qu’ils aiment. Vous devez dire à chacun :

— Je vous jure que de tous les hommes je n’en puis pas aimer un plus tendrement que vous ; vous m’êtes uniquement cher, et c’est de vous seul que j’attends mon plaisir et ma félicité.

Écoutez cette historiette.

Une femme qui ne se contentait pas de son mari, jouissait en particulier de trois beaux moines : d’un jacobin, d’un bénédictin et d’un cordelier. Ces trois cénobites, par un étrange phénomène, étaient liés entre eux d’une amitié intime ; tous les trois, sans le savoir, buvaient à la même source de volupté.

« — Ah ! si vous saviez, disait le jacobin, quelle maîtresse j’ai le bonheur de posséder ! Elle m’aime plus que son mari, et, son mari excepté, elle n’aime personne que moi…

« — Oh ! pour la mienne, répliquait le bénédictin, je jure sur mon habit sacré, qu’elle n’a