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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/225

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un cœur que pour moi, et qu’elle se souvient à peine d’avoir un mari…

« — Je jouis du même bonheur que vous, ajouta le cordelier.

« — Eh bien ! dit alors le jacobin, faites-moi le plaisir de venir demain matin, à neuf heures, prendre une tasse de chocolat avec moi. Vous aurez occasion de voir dans ma chambre ma belle conquête. Elle s’y rendra en habit de jeune voyageur, comme si elle venait m’apporter des nouvelles de mes parents. C’est un pari que j’ai fait avec un de mes confrères et je suis sûr de le gagner.

« Pour l’engager à venir me voir, je lui ai fait un petit conte ; je lui ai dit que notre prieur, ayant soupçonné ma conduite, m’a condamné à garder ma chambre, comme un prisonnier. Elle a pleuré et m’a protesté qu’elle ne pourra jamais rester un seul jour sans me voir. Je vous attends donc pour partager ma joie, mais non pas mon butin. »

Le lendemain, ils ne manquèrent pas d’aller prendre le chocolat ; mais quelle fut leur surprise, quel fut leur étonnement, de trouver dans le jeune voyageur, la même femme, la même monture dont ils se servaient dans leurs voyages apostoliques !

Cette femme adroite prit sur-le-champ son parti, sans se déconcerter, elle les embrassa tendrement tous les trois, l’un après l’autre, et dit :

  
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