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« — Mes révérends pères, vous savez que la Sainte Écriture soutient ouvertement que la vulve ne dit jamais : C’est assez. Vous devez donc me tenir pour une femme bien vertueuse si, après mon mari qui me fait souvent jeûner, je me contente de vous trois. Oui, je vous aime de tout mon cœur tous trois, et chacun de vous en particulier ; et j’espère que vous continuerez, tous trois, à me donner des marques sensibles et réitérées de votre amour. Souhaitez-vous que je vous explique mes intrigues à votre égard ? Mon mari est presque toujours dehors, et je vous faisais accroire qu’il était presque toujours au logis. Chacun de vous avait ordre de ne point entrer chez moi, avant de voir un signal sur ma fenêtre. Ce signal était un vase de fleurs ; mais chacun de vous avait sa fleur, différente de celle des autres… »

Elle voulait continuer, mais les saints frères l’interrompirent par des éclats de rire immodérés… Ils déjeunèrent en paix, et toujours en riant de cette étrange aventure ; après quoi, pour resserrer les nœuds de leur amitié, ils versèrent et burent tour à tour d’une même liqueur dans le même verre.


La Rhétorique des putains, Vignette de fin de chapitre
La Rhétorique des putains, Vignette de fin de chapitre