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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/229

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ANGÉLIQUE

Vous me faites un outrage sanglant, si…

MARTHE

Ne parlons plus de cela. Dites-moi, s’il vous plaît, le notaire est-il venu ? l’acte est-il passé, signé ?

ANGÉLIQUE

Ah ! oui, ma bonne, et au lieu de m’en féliciter moi-même, j’en ai rougi mille fois. Mon père même a eu le courage de se rendre chez notre bienfaiteur, et de lui en faire les remerciements les plus humbles et les plus sincères.

MARTHE

Cela est bon.

ANGÉLIQUE

Mais pourquoi me parlez-vous aujourd’hui d’une voix si basse ? Êtes-vous enrhumée.

MARTHE

Non, mademoiselle, mais votre valet de chambre, votre geôlier peut se tenir aux écoutes : il ne faut jamais manquer de précautions… Voulez-vous bien m’apprendre comment vous avez passé la nuit ?

ANGÉLIQUE

Très délicieusement. Ma chère Marguerite a su tellement me gagner, qu’elle m’a fait coucher entre elle et son cousin. J’avais bien chaud, je brûlais ; mais on a bien su me donner toutes sortes de rafraîchissements.