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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/230

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MARTHE

Avec ce joli garçon déguisé, votre prison vous paraîtra bien douce. Mais écoutez mes conseils ; il faut bien savoir profiter des occasions favorables lorsqu’elles se présentent ; si on les laisse échapper, elles ne reviennent plus, et on les regrette en vain.

Vous devez faire semblant, les premiers jours, que vous vous ennuyez cruellement ; peut-être l’ennui s’emparera-t-il réellement de votre âme : alors par des caresses, par des manières obligeantes, vous gagnerez votre protecteur, afin qu’il vous donne des maîtres de dessin, de musique, de géographie, etc., pour trouver toutes vos journées remplies et les passer sans ennui, mais principalement pour acquérir un bon fonds de connaissances utiles et agréables.

Il ne rebutera pas vos prières ; il vous donnera peut-être de vieux maîtres ; mais fussent-ils dans leur première jeunesse, il vous faudra également brider vos désirs, parce qu’on vous observera de près.

Tout ce que vous pouvez faire, ce sera de tâcher d’avoir de l’argent entre vos mains, pour les payer vous-même, et de ne les payer jamais. Vous les recevrez toujours d’un air séduisant, vous les assurerez d’une digne récompense quand ils auront fait de vous une bonne élève. En attendant, le bon vieillard peut changer de monde ; vous briserez vos chaînes, vous enchaî-