Aller au contenu

Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/233

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 73 —


questions ! L’intérêt doit être la mesure de vos actions. Ne croyez jamais être assez riche ; si vous aviez tout l’or du Pérou, vous devriez en désirer et en accumuler encore : cette passion de l’or, si vous ne perdez pas le bon sens, deviendra, avec le temps, votre passion chérie ; elle doit vous animer sans cesse ; il suffit qu’elle ne paraisse pas au dehors ; et voilà en quoi consiste notre art, notre rhétorique : à persuader les hommes qu’on les aime pour eux-mêmes, quand on ne les aime que pour notre intérêt particulier.

Vous ne devez jamais mettre un prix à vos caresses, à vos soumissions. Si l’on vous offre de l’argent ou quelque présent, refuser d’abord, c’est une politique ; adoucir ensuite son refus par des manières honnêtes, c’est une politesse ; persister dans ses refus, c’est une folie.

Faites semblant d’avoir perdu un pendant d’oreilles, une bague, une boucle, etc. ; votre amant sera sensible à cette perte et vous en dédommagera.

Demandez à emprunter de l’argent, sous promesse de le rendre avec intérêts ; on n’osera jamais vous redemander ni les intérêts ni l’argent.

D’accord avec Marguerite, prenez parfois un air fort triste : votre amant vous en demandera la cause ; vous ne donnerez que des réponses vagues. Lorsqu’il sortira de votre chambre,