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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/263

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plus méchant que jamais ; on donne de malignes interprétations à notre procédé. Je sais bien que c’est l’envie qui fait de puissants efforts pour rompre les nœuds qui nous lient ; mais elle voudra en même temps porter quelques coups terribles contre moi, et comment les parer ? Elle peut me peindre, sans ménagements, sous les couleurs les plus odieuses ; en un mot, elle peut me noircir et me perdre. Je n’ai pas assez de courage pour me mettre au-dessus des discours du public. Vous qui avez une âme noble et généreuse, vous pouvez seul me sauver, en ne dénigrant pas, quoique involontairement, ma réputation. J’attends de vous ce sacrifice, et la reconnaissance la plus vive m’attachera à vous pour jamais.

ANGÉLIQUE

Mais si ce monsieur s’aperçoit que je n’ai pas les mêmes craintes sur les visites des autres ?

MARTHE

Vous ne manquerez jamais de le persuader que les visites des autres vous sont indifférentes, et que la médisance n’a encore rien prononcé sur leur compte.

Si quelqu’un vous prodigue les plus belles promesses, et est ensuite infidèle à sa parole ; s’il est comme un orage en été, qui promet bien de la pluie et ne donne, après, que quelques gouttes d’eau ; en un mot, s’il aime à prendre