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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/264

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beaucoup de plaisir, et à ne donner que très peu d’argent, vous voyez bien qu’il vous faut prendre quelque prétexte pour l’obliger à s’abstenir de se présenter chez vous.

Toujours d’accord avec Marguerite, vous n’avez qu’à lui parler de l’objet que vous voulez congédier. À son arrivée chez vous, elle ne manquera pas d’entrer en même temps que lui dans votre chambre, sous prétexte d’avoir à travailler avec vous à quelque ouvrage qui presse et qu’il faut finir dans le courant de la journée : de cette manière, ne vous quittant point, le tête-à-tête et ses conséquences n’auront point lieu ; et si ce monsieur n’est pas une bête, il comprendra bien que vous ne vous souciez pas d’être seule avec lui. Ou bien, sans le laisser entrer, Marguerite lui dira que vous êtes sortie, ou que vous êtes fort occupée, fort indisposée ou que vous avez une des trois cent soixante-cinq petites incommodités, dont nous autres femmes nous savons si bien tirer parti dans les occasions.

Marguerite vous offrira aussi, si vous le voulez, l’occasion la plus plaisante de le congédier avec honneur. Quoique fille de chambre, vous savez qu’elle est faite de manière à inspirer de l’amour à l’homme le moins sensible. Par ses agaceries, elle saura s’attirer l’attention de ce monsieur, elle parviendra à l’enflammer, à le mettre dans l’une ou l’autre des trente postures.