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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/30

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la prospérité, j’étais la maîtresse d’un bien considérable. Me voyant dans la maturité de l’âge, voyant que mes adorateurs s’éloignaient peu à peu, je fis la sottise de m’attacher à un seul homme qui me parla de mariage ; il se lia à mon sort beaucoup plus qu’à moi-même ; en peu de temps il dissipa tout mon bien et mourut, après m’avoir précipitée du sein de l’opulence dans une affreuse misère. Apprenez de cela, mademoiselle, à ne jamais penser à l’hymen, ou à y penser fort tard ; ou à ne vous lier à aucun homme sans assurer le bien que vous pourrez posséder.

ANGÉLIQUE

Eh bien ! ma bonne, ce livre me tiendra compagnie ; c’est dommage qu’il faille que je travaille… je n’aurai pas tout le temps que je voudrais…

MARTHE

Vous pourrez le lire tout à votre aise… Vous me pardonnerez bien une grande bêtise que j’allais faire ; j’oubliais de vous laisser une bourse, où il y a quelques louis que ce jeune militaire m’a chargée de vous remettre.

ANGÉLIQUE

Dieu ! la honte me couvre le front.

MARTHE

C’est une honte bien déplacée. Refuser de