Aller au contenu

Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/50

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 30 —


Diane et Faune. Pour m’engager au célibat, on me disait que, parmi les payens, on respectait Diane, parce qu’elle avait gardé une virginité perpétuelle, et qu’elle voulait que ses nymphes fissent avec elle ce vœu singulier ; qu’elle chassa de sa compagnie la nymphe Calisto, parce qu’elle s’était laissé surprendre par Jupiter ; et qu’elle changea en cerf le pauvre Actéon, et le fit dévorer par ses propres chiens, parce qu’il avait eu la curiosité de la regarder dans le bain.

En cas de mariage, on me proposait l’exemple de Faune, en me disant que cette femme fut mise au nombre des immortelles, parce qu’elle se contenta toujours d’un seul homme ; et qu’aussitôt que son mari fut mort, elle lui garda une fidélité si exacte, qu’elle ne sortit pas de sa chambre le reste de sa vie, et qu’elle ne parla depuis à aucun homme. Qu’avez-vous à répondre à tout cela, ma bonne ?

MARTHE

Ah ! ah ! mon rire est ma première réponse. Ne savez-vous pas, mademoiselle, que Diane est le vrai modèle de nos dévotes hypocrites ? On appelle Diane la déesse triforme, parce que, ayant à faire trois fonctions différentes, elle avait aussi trois noms, et soutenait trois caractères bien différents. Dans le ciel, on l’appelait la Lune, et alors elle était changeante, capricieuse, et se plaisait fort bien à faire les cornes.