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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/74

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pouvez, sans en faire conscience, me laisser entrer dans votre petit jardin.

Après chaque autorité, il mettait, de sa main, à la marge des mots latins que je ne comprenais pas, mais qui étaient, à ce qu’il me disait, les citations des passages, pour me faire voir qu’il n’y avait rien d’inventé, et pour mieux m’en convaincre par la confrontation.

ANGÉLIQUE

Mais vous venez de me dire que vous ne comprenez pas le latin. Vous auriez donc dû communiquer ces écrits à quelqu’un pour vérifier les passages en les confrontant les uns avec les autres. Est-ce que monsieur l’abbé ne vous recommandait pas le secret ?

MARTHE

Il me disait bien que la prudence et le secret étaient nécessaires pour sauver la bienséance ; mais c’est qu’il se proposait de m’enseigner lui-même le latin. Par malheur, un mois après, l’archevêque lui conféra une très bonne cure dans un gros village fort éloigné ; il s’en alla donc ouvrir le chemin du salut à ses paroissiennes, et nous en pleurâmes bien, ma mère et moi.

J’écrivis donc ce que j’ai appris par cœur, et que je vais vous réciter. Sachez d’abord que c’est une chose très indifférente en elle-même que de prêter l’oreille, avec plaisir, à des discours libres et lascifs, et qu’on peut bien, sans