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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/82

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reilles autorités vous seront suspectes ? Eh bien ! lisez le chapitre XIX de la Genèse…

ANGÉLIQUE

Mais on me dit que tout cela est en latin : je ne comprends pas cette langue.

MARTHE

Oui, mademoiselle ; et vous qui commencez à raisonner comme il faut, vous pouvez voir qu’elle est grande la politique de nos pontifes, de ne nous pas permettre de pouvoir lire ce livre dans la langue du pays. Tant que la Bible est en latin, c’est un livre sacré, céleste ; si on veut la traduire dans notre langue maternelle, elle devient, à l’instant, un livre très dangereux, presque diabolique ; comme si là vérité des maximes et des faits qu’elle contient, dépendait plutôt d’une langue que d’une autre. Mais ces messieurs savent bien qu’un livre en latin est une chandelle éteinte pour les peuples, qui ne pourra jamais les éclairer ; et leur intérêt exige qu’ils croupissent dans les ténèbres de l’ignorance et de l’erreur. Mais vous pouvez bien vous fier à moi ; je vous jure, sur mon honneur, que je vous citerai, dans notre langue, ces autorités, sans aucune altération de sens, ni de mots, telles que mon abbé me les a rapportées.

ANGÉLIQUE

Je ne vous en demande que deux ou trois ; mais je vous prie de me dire d’avance d’où vous voulez les tirer.