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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/81

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tent mutuellement là où il leur démange, ils ne font que des choses indifférentes en elles-mêmes[1].

Je touche enfin au dernier degré, et je conclus que les garçons ne font point de péché quand ils vont aux filles, puisque tant de villes bien policées et très chrétiennes établissent et entretiennent publiquement le putanisme[2] ; je dis que la fille est en possession de sa virginité, aussi bien que de son corps, et qu’elle en peut disposer à son gré[3].

ANGÉLIQUE

J’en suis persuadée, ma bonne, mais pas bien convaincue. Les autorités que vous m’avez alléguées ne sont que des autorités humaines ; les hommes peuvent se tromper, et il y aura bien d’autres auteurs qui soutiendront le contraire.

MARTHE

Cette objection est forte, mais elle n’est pas sans réplique, et se détruit bien facilement. Il vous faut, je le vois bien, des autorités sacrées, tirées du livre qu’on respecte le plus parmi nous, et qu’on nous donne pour règle infaillible de notre foi et de nos mœurs. Est-ce que de pa-

  1. An amplexus nudi cum nudo… possit etiam esse inter tactus causa benevolentiæ ? Respondeo : « Si spéculative loquamur, etiam id est indifferens. «. P. Filliutius. tr. 30. c. 9, p. 174.
  2. Non esse peccatum ad eas accedere, quod etiam in civitatibus alioquin bene institutis in fide et religione locum habet. P. Filliutius. Quest. men. tom. 2, tr. 30. c. 2.
  3. V. P. Bauny. Somme des péchés, p. 148.