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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/90

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ni de punition. On y voit même que l’Éternel bénit les deux enfants qui en naquirent, et leur postérité, (v. 37, 38.)

Oh ! mademoiselle, si nous savions combien d’artistes se plaisent, en secret, à contempler et à manier les ouvrages de leurs mains ! Si nous savions combien de laboureurs aiment à goûter des fruits de l’arbre qu’ils ont planté ! Il n’y a pas bien des années qu’un triomphe de l’amour, de telle nature, éclata dans la Prusse. Un père sensible aima très intimement sa fille, parce qu’elle était très aimable ; mais comme il ne la caressait pas dans une caverne de montagne, il y eut des yeux perçants qui découvrirent le mystère, et ce furent des yeux de prêtres : il n’en fallut pas davantage. On demanda sa mort au nom du Très-Haut. Mais ces ministres évangéliques ne pouvaient, par bonheur, satisfaire leur zèle sanguinaire sans le consentement du roi.

Le grand et immortel Frédéric qui, d’un bout à l’autre, savait par cœur sa Bible, dit aux ministres de charité :

« — Messieurs, il vous faut premièrement me prouver d’une manière évidente que cet homme que vous poursuivez pharisaïquement est le père de la fille ; quand vous m’aurez prouvé cela, à n’en pouvoir douter, je lui imposerai le même châtiment que votre Dieu infligea à Loth et à ses filles. En attendant, sachez, messieurs, que