Aller au contenu

Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/89

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 65 —

« — Raisonnons un peu, ma sœur ; nous allions être mariées ; mais nos époux n’ont pas voulu ajouter foi aux prédictions de notre père : les voilà écrasés et en cendre, (v. 14.) Nous venons de la petite ville de Tsohar qui a été sauvée ; mais tu as vu que nous n’y avons pas été reçues favorablement, et que pas un garçon ne nous a lorgnées avec des yeux de tendresse. Nous voici sur cette montagne, dans cette caverne, sans savoir ce que nous deviendrons : nous risquons donc de rester pucelles toute notre vie. Dieu ! quel malheur !… Notre père est vieux, mais il est encore en état de faire bien des voyages. Par bonheur nous n’avons pas, dans ce désastre, perdu tout à fait la tête ; nous n’avons pas oublié de porter de bon vin avec nous : donnons-lui-en, égayons-le, couchons avec lui pour conserver sa race. » (v. 32.)

En effet, le bon et prudent vieillard fit semblant, la nuit, de rêver à sa femme, et de travailler avec elle ; mais il ne laissa pas échapper l’occasion qui lui était offerte de perpétuer sa race. Ainsi les deux filles de Loth conçurent de leur père. (v. 36.)

ANGÉLIQUE

Je ne puis pas revenir de ma surprise. Mais est-ce que le saint livre ne condamne pas cette action ?

MARTHE

Point du tout ; il n’y a pas un mot ni de blâme,

5