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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/92

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ANGÉLIQUE

N’oubliez pas qu’il vous reste à me parler d’Amnon et de Tamar.

MARTHE

Je vais vous satisfaire. Tamar était belle et Amnon, son frère, l’aima. (II, Samuel, 13. 1.) Cette passion le tourmenta si fort, qu’il en tomba malade ; car Tamar était vierge, et il semblait trop difficile à Amnon de lui faire quelque chose contre l’honnêteté. Remarquez, en passant, qu’on ne parle pas ici de faire quelque chose contre sa conscience, ou contre la loi divine, mais uniquement contre l’honneur, c’est-à-dire contre l’opinion des hommes.

Jonadab, son oncle, le voyant accablé de tristesse lui dit :

« — Pourquoi deviens-tu ainsi de jour en jour plus exténué ? Ne me le déclareras-tu pas ? »

Amnon lui dit :

« — J’aime Tamar, ma sœur. »

Mademoiselle, vous vous attendez peut-être à voir Jonadab fâché contre son neveu ; vous croyez, sans doute, qu’il va se répandre en reproches contre lui, ou employer au moins la douceur pour le ramener de son égarement. Point du tout, Jonadab ne voyait rien de criminel dans le projet d’Amnon ; pour cela il lui dit :

« — Couche-toi dans ton lit, fais le malade, et quand ton père viendra te voir, tu lui diras : « Que ma sœur Tamar vienne, je te prie, afin