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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/96

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que du hideux là où il s’attendait à trouver des charmes secrets. Amnon, après cela, eut pour la malheureuse Tamar une très grande haine, et la haine qu’il lui portait était plus grande que l’amour qu’il avait eu pour elle. (v. 15.)

ANGÉLIQUE

Ah ! le coquin ! Ah ! l’indigne ! Ah ! l’ingrat !… Voilà les garçons ! Et vous voulez… Ah ! si je prévoyais…

MARTHE

Gardez-vous bien, mademoiselle, de faire des réflexions trop précipitées. Je saurai bien, dans la suite, vous donner de tels conseils, qu’en les suivant, vous serez en état de vous mettre à l’abri de pareilles aventures. La pauvre Tamar fut donc chassée sans pitié ; elle se retira toute désolée dans la maison d’Absalon, son frère, qui, au lieu de déchirer davantage son cœur par des reproches injustes, y porta la consolation la plus touchante en lui disant (mademoiselle pesez bien ces mots) :

« — Ma sœur, tais-toi, il est ton frère, ne prends point ceci à cœur. »

C’est comme s’il lui eût dit : « Tu dois renfermer cette aventure dans un silence éternel ; Amnon, ton frère, se gardera bien d’en parler ; mets-toi donc dans l’esprit que cela n’a été qu’un badinage. »


La Rhétorique des putains, Vignette de fin de chapitre
La Rhétorique des putains, Vignette de fin de chapitre