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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/95

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ton dessein, nous serons regardés, toi, comme un jeune homme insensé, et moi, comme une fille déshonorée. »

En effet, elle ne se refusait pas tout à fait aux vœux de son frère, puisque le texte sacré nous assure qu’elle dit à Amnon :

« — Maintenant, parles-en au roi, je te prie ; il n’empêchera point que tu m’aies pour femme. » (v. 13.)

Réfléchissez, en passant, que, quoique frère et sœur, ils auraient pu se marier, et que c’était au roi, et non pas au pontife, à en donner la permission.

ANGÉLIQUE

Est-ce qu’il en parla au roi ?

MARTHE

Il n’en eut pas le temps, il était trop pressé, il avait trop faim, et il avait la pâte entre ses mains pour la pétrir. Elle ne le voulait pas, mais son frère fut plus fort qu’elle, elle eut le dessous, et Amnon coucha sur le champ de bataille, (v. 14.)

ANGÉLIQUE

Voilà une amitié fraternelle, bien étroite, bien cimentée !

MARTHE

Que les jugements humains sont trompeurs ! Qui le croirait ? Amnon ne trouva pas, peut-être, le mets de son goût ; il s’aperçut, peut-être, que d’autres en avaient tâté ; peut-être ne découvrit-il