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RÉFLEXIONS MORALES

public leur a donnée est au-dessus de ce que je puis dire en leur faveur, et si elles sont telles que je les crois, comme j’ai sujet d’en être persuadé, on ne pourroit leur faire plus de tort que de s’imaginer qu’elles eussent besoin d’apologie[1]. Je me contenterai de vous avertir de deux choses : l’une, que par le mot d’intérêt, on n’entend pas toujours un intérêt de bien, mais le plus souvent un intérêt d’honneur ou de gloire ; et l’autre (qui est comme le fondement de toutes ces Réflexions), que celui[2] qui les a faites n’a considéré les hommes que dans cet état déplorable de la nature corrompue par le péché, et qu’ainsi la manière dont il parle de ce nombre infini de défauts qui se rencontrent dans leurs vertus apparentes, ne regarde point ceux que Dieu eu préserve par une grâce particulière[3].

Pour ce qui est de l’ordre de ces Réflexions, on n’aura pas de peine à juger[4] que, comme elles sont toutes sur des matières différentes, il étoit difficile d’y en observer ; et bien qu’il y en ait plusieurs sur un même sujet, on n’a pas cru les devoir toujours[5] mettre de suite, de crainte d’ennuyer le lecteur ; mais on les trouvera dans la Table.


  1. Aussi la Rochefoucauld a-t-il supprimé, dès la 2e édition, le long Discours apologétique (voyez ci-dessus, p. 26, note 4) ; mais il n’en reste pas moins que, pour la 1er édition, il avait accepté, et sans doute sollicité, cette apologie, comme il avait sollicité de Mme de Sablé, et retouché de sa main, un article pour le Journal des Savants (voyez à l’Appendice de ce volume).
  2. Var. : et l’autre, qui est la principale et comme le fondement de toutes ces Réflexions, est que celui… (1666.)
  3. On l’a vu dans la préface qui précède, l’auteur, dès sa première édition, s’était mis en règle avec l’Église, mais sous une autre forme.
  4. Var. : vous n’aurez pas de peine à juger, mon cher lecteur… (1666.)
  5. Le mot toujours n’est pas dans la 2e édition (1666), non plus que dans la 3e (1671).