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Page:La Rochefoucauld - Œuvres, Hachette, t1, 1868.djvu/168

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RÉFLEXIONS MORALES

III

Quelque découverte que l’on ait faite dans le pays de l’amour-propre, il y reste encore bien des terres inconnues[1]. (éd. 1*.)

IV

L’amour-propre est plus habile que le plus habile homme du monde[2]. (éd. 1.)

V

La durée de nos passions ne dépend pas plus de nous que la durée de notre vie[3]. (éd. 1.)

VI

La passion fait souvent un fou[4] du plus habile homme et rend souvent[5] les plus sots habiles. (éd. 1*.)

  1. Var. : il reste bien encore des terres inconnues. (1665 et 1666.) — « Le pays de l’amour-propre, terres inconnues ; ces expressions ne me paroissent pas nobles, » dit Vauvenargues (Œuvres posthumes et Œuvres inédites, édition D. L. Gilbert, Paris, Furne, 1857, p. 76). Voyez, dans la présente collection des Grands écrivains de la France, le Lexique de Corneille, tome II, p. 13 et 14.
  2. Vauvenargues (p. 76) répond à cette maxime : « L’amour-propre le plus habile fait beaucoup de fautes contre ses vrais intérêts. » — Mme de Sablé objecte de son côté (maxime 28) : « L’amour-propre se trompe, même par l’amour-propre, en faisant voir dans ses intérêts une si grande indifférence pour ceux d’autrui, etc. »
  3. Rapprochez des maximes 122, 297, 564 et 638.
  4. Var. : un sot. (Manuscrit.) — un fol. (1666.)
  5. Var. La passion fait souvent du plus habile homme un fol, et rend quasi toujours… 1665.)