XIX
Nous avons tous assez de force pour supporter les maux d’autrui[1]. (éd. 1.)
XX
La constance des sages n’est que l’art de renfermer[2] leur agitation dans le cœur[3]. (éd. 1*.)
XXI
Ceux qu’on condamne au supplice affectent quelque-fois une constance et un mépris de la mort qui n’est en effet que la crainte de l’envisager[4] ; de sorte qu’on peut
- ↑ C’est le sens du proverbe : « Mal d’autrui n’est que songe. » — Swift a dit d’une façon plus piquante encore : « Je n’ai jamais connu personne qui ne fût capable de supporter le malheur des autres en parfait chrétien. »
- ↑ Var. : n’est qu’un art avec lequel ils savent enfermer. (1665.)
- ↑ Les quatre premières éditions donnent : « dans leur cœur. » — Vauvenargues répond (p. 78) : « La constance des sages peut être fondée sur le sentiment qu’ils ont de leurs ressources ; » et il développe cette pensée dans la 30e des Réflexions sur divers sujets (Œuvres, p. 91), et dans le 6e Conseil à un jeune homme (p. 119 et 120). — La Harpe s’écrie (tome VII, p. 256) : « Où est la preuve de cette assertion générale ? Restreignez-la, elle sera aussi vraie que commune ; énoncée comme elle l’est, elle est démentie par cent exemples. »
- ↑ Meré (maxime 76) : « La crainte de la mort est plus sensible que la mort même. » — Publius Syrus :
Mortem timere crudelius est quam mari.
La Bruyère (de l’Homme, no 36) a ainsi traduit cette sentence : « Il
la prospérité. » — Voyez les maximes 293 et 565. — Vauvenargues (p. 77) : « Il y a une modération de tempérament, où la réflexion n’a point de part. Tous ceux qui sont continents ne le sont point par raison ; on pourroit en nommer qui sont nés chastes. La nature a fait d’autres hommes modérés dans leur ambition, comme ceux-ci le sont dans leurs plaisirs. »