Aller au contenu

Page:La Rochefoucauld - Œuvres, Hachette, t1, 1868.djvu/189

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
53
ET MAXIMES MORALES

LIV

Le mépris des richesses étoit dans les philosophes[1] un désir caché de venger leur mérite de l’injustice de la fortune, par le mépris des mêmes biens dont elle les privoit ; c’étoit un secret pour se garantir de l’avilissement[2] de la pauvreté ; c’étoit[3] un chemin détourné pour aller à la considération qu’ils ne pouvoient avoir par les richesses[4]. (éd. 1*.)

LV

La haine pour[5] les favoris n’est autre chose que


    donne, ce n’est pas elle, mais la fortune, qui fait les héros. » — Voyez les maximes 57, 58, 153, 165, 380, 470, et la 14e des Réflexions diverses. — Selon Vauveiiargues (p. 84), cette pensée, ainsi que la précédente et la suivante, sont communes ; il a voulu sans doute répondre à la 53e dans sa maxime 579 (Œuvres, p. 455) : « … La fortune, qu’on croit si souveraine, ne peut presque rien sans la nature. »

  1. Var. : Le mépris des richesses dans les philosophes étoit… (1665.)
  2. Var. : c’étoit un secret qu’ils avaient trouvé pour se dédommager de l’avilissement. (1655.)
  3. Var. : c’étoit enfin. (1665.)
  4. Var. : à la considération que les richesses donnent. (Manuscrit.) — J. Esprit (Préface) : « … La seconde cause de l’erreur des philosophes étoit leur sorte d’ambition, qui étoit si fine et si délicate, qu’elle se déroboit à leur connoissance, car elle leur donnoit du mépris pour les richesses, pour les dignités, et pour l’approbation des hommes, afin que le mépris des richesses, des charges et des dignités les mît dans une beaucoup plus grande considération que ceux qui les possèdent, et qu’on les crût d’autant plus dignes d’être loués qu’ils témoignoient faire peu de cas des louanges et de la gloire. » — Bossuet (Pensées détachées, édition de Versailles, tome XV, p. 332) : « Combien en voit-on qui se servent de la philosophie, non pour se détacher des biens de la fortune, mais pour plâtrer la douleur qu’ils ont de les perdre, et faire les dédaigneux de ce qu’ils ne peuvent avoir ! »
  5. Var. : La haine qu’on a pour (1665.)