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ET MAXIMES MORALES

LVIII

Il semble que nos actions aient des étoiles heureuses ou malheureuses, à qui elles doivent une grande partie[1] de la louange et du blâme qu’on leur donne[2]. (éd. 1*.)

LIX

Il n’y a point d’accidents si malheureux dont les habiles gens ne tirent quelque avantage, ni de si heureux que les imprudents ne puissent tourner à leur préjudice[3]. (éd. 1*.)


    actions, elles sont bien souvent les effets du hasard ou de quelque petit dessein. » — Charron (de la Sagesse, livre I, chapitre xxxviii) : « La plupart de nos actions ne sont que saillies et boutées poussées par quelques occasions ; ce ne sont que pièces rapportées. » — Cette réflexion et la suivante, communes selon Vauvenargues (p. 84), répètent à peu près les maximes 53, 60 et 160 ; de plus, elles paraissent contredire la 59e, où l’auteur admet qu’il y a des gens assez habiles pour tirer avantage des accidents même les plus malheureux. — Voyez aussi la 17e des Réflexions diverses.

  1. Var. : … des étoiles heureuses ou malheureuses, aussi bien que nous, d’où dépend une grande partie… (Manuscrit et 1665.)
  2. Voyez les maximes 153, 165, 380, 470, et 14e des Réflexions diverses.
  3. Var. : On pourrait dire qu’il n’y a point d’heurcux ni de malheureux accidents, parce que les habiles gens savent profiter des mauvais, et que les imprudents tournent bien souvent à leur préjudice les plus avantageux. (Manuscrit.) — Amelot de la Houssaye cite, à propos de cette maxime, le cardinal d’Ossat, négociant à Rome l’absolution d’Henri IV : « Dieu me fît la grâce, écrivait-il à son maître, que je ne tardai guère âme résoudre ; et ce que la fortune sembloit me présenter de la main gauche, je le pris de la droite, en usant de cette traverse en sorte que non-seulement elle ne nuisit de rien à votre service, mais, au contraire, qu’elle y aida et servit autant que si, de propos délibéré, elle y eût été dressée et destinée. »