n’ont que de petites sources, qui coulent et se tarissent facilement : on pleure[1] pour avoir la réputation d’être tendre ; on pleure pour être plaint ; on pleure pour être pleuré ; enfin[2] on pleure pour éviter la honte de ne pleurer pas[3]. (éd. 1*.)
CCXXXIV
C’est plus souvent par orgueil que par défaut de lumières qu’on s’oppose avec tant d’opiniâtreté[4] aux opinions les plus suivies : on trouve les premières places prises dans le bon parti, et on ne veut point des dernières[5]. (éd. 5*.)
- ↑ Var. : … qui coulent facilement et qui s’écoulent aussitôt : ou pleure… (1665.) — Il y a, outre ce que nous avons dit, quelques espèces de larmes qui coulent de certaines petites sources, et qui, par conséquent, s’écoulent incontinent : on pleure… (Manuscrit.)
- ↑ Var. : et enfin. (1666.)
- ↑ Var. : on pleure pour être plaint, ou pour être pleuré, et on pleure quelquefois de honte de ne pleurer pas. (Manuscrit et 1665.) — Comme ceux dont parle Sénèque (de Tranquillitate animi, chapitre xv) : Plerique… lacrymas fundunt, ut ostendant…, turpe judicantes non flere. « La plupart versent des larmes pour les faire voir…, pensant qu’il y a de la honte à ne pleurer pas. » – Charron (de la Sagesse, livre I, chapitre xxxix) : « Faire l’attristé, l’affligé, et pleurer en la mort ou accident d’autruy, et penser que ne s’esmouuoir point ou que bien peu, c’est faulte d’amour et d’affection, il y a aussi de la vanité. »
- ↑ Var. : C’est par orgueil qu’on s’oppose avec tant d’opiniâtreté… (Manuscrit.)
- ↑ L’annotateur contemporain applique cette réflexion aux critiques.
d’afflic- qui, à la mort de leurs maris, forment le dessein de rendre leur douleur immortelle, afin de se signaler… L’ostentation a une part très-considérable à l’affliction des femmes ambitieuses : elles se mettent dans l’esprit qu’il est beau d’égaler la durée de leur deuil à celle de leur vie, et choisissent cette triste et fatigante voie pour acquérir de la réputation. »