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Page:La Rochefoucauld - Œuvres, Hachette, t1, 1868.djvu/273

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ET MAXIMES MORALES

CCLVIII

Le bon goût vient plus du jugement que de l’esprit[1]. (éd. 5.)

CCLIX

Le plaisir de l’amour est d’aimer, et l’on est plus heureux par la passion que l’on a que par celle que l’on donne[2]. (éd. 2*.)

CCLX

La civilité est un désir d’en recevoir et d’être estimé poli[3]. (éd. 1*.)

CCLXI

L’éducation que l’on donne d’ordinaire aux jeunes gens est un second amour-propre qu’on leur inspire[4]. (éd. 1*.)

  1. Cette distinction entre le jugement et l’esprit est contradictoire à la maxime 97, où l’auteur prétend établir qu’ils sont identiques. On retrouve cette même contradiction dans la maxime 456. — Voyez les 10e et 13e Réflexions diverses.
  2. Var. : Le plaisir de l’amour est l’amour même et il y a plus de félicité dans la passion que l’on a que dans celle que l’on donne. (Manuscrit.) — Voyez les maximes 262, 374 et 500. — « Distinguo, dit l’annotateur contemporain : pour le cœur, bon ; pour l’amour-propre, nego. Combien y a-t-il de gens qui sont plus contents de donner de la passion, que d’en recevoir ! »
  3. Var. : La civilité est une envie d’en recevoir ; c’est aussi un désir d’être estimé poli. (1665.) — Amelot de la Houssaye dit que la civilité sans distinction ressemble aux caresses des courtisanes.
  4. Var. : un second orgueil qu’on leur inspire. (Manuscrit et 1665.) — « On n’en inspire pas un second dit l’annotateur contemporain, mais on augmente le premier. » — Voyez les maximes 495 et 518.